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Grossesse imprévue : on a pris la décision de garder notre enfant
Un couple confronté à une grossesse imprévue choisit « l’amour et la vie »
Je m’appelle Alexandre, j’ai 22 ans et je suis étudiant en science politique et en droit. Il y a quelques mois, ma petite amie Jeanne qui a 25 ans avec qui je sors depuis trois ans m’a annoncé qu’elle était enceinte de 3 semaines. C’était évidemment un « accident ». J’ai d’abord été naturellement paniqué, car je ne me sentais pas du tout prêt à être père. Pas de boulot, pas d’appartement convenable, rien à offrir à un enfant pensais-je alors. Ni elle, ni moi n’avions les moyens de véritablement fonder une famille. Jeanne a dans un premier temps voulu avorter. Mais je crois que l’instinct maternel a rapidement pris le dessus. Elle n’a plus jamais envisagé de se séparer de notre bébé, qui vivait déjà en elle. Personnellement opposé à l’avortement par principe, j’ai donc testé mes valeurs dans la réalité, et j’ai finalement assumé ma position initiale.
Nous avons pris cette décision, celle de garder notre enfant, en seulement deux jours. Le plus difficile a en fait été de l’annoncer à nos parents respectifs, car une grossesse à nos âges les concerne directement. Mes parents ont vraiment été choqués, mais ont accepté notre choix et promis de nous venir en aide financièrement et matériellement. Le problème est plutôt venu de mes « beaux-parents » (en fait surtout mon beau-père) qui n’ont jamais vraiment accepté notre relation. Ils considéraient que leur fille faisait une erreur d’avoir un enfant si jeune, et particulièrement avec moi (ils ne comprenaient pas comment leur fille pouvait sortir avec un garçon plus jeune qu’elle). Au final, ils ont été contraints d’approuver notre choix, et ils apporteront également leur aide par amour pour leur fille.
Voilà, nous sommes aujourd’hui à quelques semaines de l’accouchement. La grossesse s’est déroulé pour le mieux jusqu’à maintenant, malgré les difficultés que tous les futurs parents peuvent rencontrer. Nous sommes très heureux et impatients de bercer notre enfant dans nos bras. Nous avons choisi l’amour et la vie, et nous savons que c’est une décision que nous ne regretterons jamais.
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Ivg : J’ai été lâche….et j’ai eu très mal
Denis et Marie-Noëlle ont trois enfants. Ils sont propriétaires d’un restaurant de plus de 100 couverts et d’une dizaine de salariés, ouvert tous les jours de l’année. C’est ce rythme de vie infernal qui les a poussé à opter pour l’IVG, quelques semaines auparavant.
« Moi, je gardais un peu ça pour moi. Le soir où elle est rentrée de l’hôpital, je suis pas resté à la maison, j’ai été lâche. C’est difficile d’en parler, parce que je suis issu d’une famille de 12 enfants, j’ai perdu ma mère récemment, et elle aurait jamais pu comprendre qu’on laisse partir un être comme ça. Et quelque part, j’ai eu très mal. (…)
On est des lâches, on veut pas comprendre, nous les hommes. C’est en voyant l’état de Marie-Noëlle que j’ai été obligé de me rendre compte.»
Denis, « Ça se discute », « Peut-on sortir indemne d’un avortement ? », France 2, 30 janvier 2002
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« Encore maintenant, je ressens comme un grand vide »
J’avais 28 ans et on était ensemble depuis un peu plus de 4 ans. Notre relation était en train de se dégrader. Nous étions sur le point de nous quitter. Nous sommes partis quelques jours en vacances et la détente faisant, l’accident s’est produit…
Lorsqu’elle m’a appelé au travail pour m’annoncer sa grossesse, il n’était pas loin de minuit. Ce fut le pire moment de ma vie en termes de choix. Je lui ai proposé d’assumer financièrement et d’être présent pour l’enfant, mais elle a décidé de mettre fin à la grossesse. Elle avait une amie qui avait vraiment galéré pour élever son enfant seule.
J’ai respecté son choix. Même si juridiquement c’est permis, on se demande si on a fait le bon choix. On se sent coupable vis-à-vis de la mère et de l’enfant. En même temps, on se dit : « Et si c’était ma seule occasion d’être père ? » Ce fut difficile, surtout pour moi qui rêve de devenir père depuis l’âge de 11 ans. Pendant deux ans, je n’ai pu en parler à personne, je me sentais mal, coupable.
Aujourd’hui encore, il m’arrive d’y repenser et de ressentir comme un grand vide. Quand je vois des enfants ou mes nièces, je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’aujourd’hui, moi aussi, je pourrais tenir un bout de choux dans mes bras !
Jean-Marie, 35 ans, « Féminin Psycho »
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« L’avortement est comme un mur entre nous »
Jean, 49 ans, trois enfants, deux cas d’avortement
« La première fois, c’était avec une hôtesse de l’air avec laquelle je m’étais mis en ménage. J’avais à peu près 21 ans, c’était ma première expérience de vie commune. […] Très rapidement, elle est tombée enceinte et elle espérait faire sa vie avec moi. Et pour moi il n’en était pas question. […] Cela s’est assez mal passé parce que je crois qu’elle voulait garder cet enfant. Moi, j’avais le sentiment d’être pris dans les fils d’une toile d’araignée, dans un piège qui allait se refermer sur moi. […]
Finalement, elle a accepté, elle s’est fait poser une sonde par une sage-femme et un médecin l’a avortée. […] Elle a été traumatisée. Je l’ai revue il y a quelques années et je sais que c’était encore son amour, son enfant… Depuis, elle n’a pas eu d’enfants.
Je crois qu’à l’époque, je me suis senti un peu merdeux, oui, merdeux de mon aventure, d’avoir fait du mal à cette femme, beaucoup sans doute, oui bien sûr. Mais pour moi c’était ma vie, je ne pouvais pas avoir cet enfant. Elle aurait pu briser ma vie mais mon pouvoir persuasif… Peut-être que je lui ai fait croire qu’on en aurait d’autres, je ne crois pas mais c’est possible. Il y a des histoires comme ça, on dit : « Pas celui-là parce que ce n’est pas le bon moment, etc. » et après on s’en va.
L’avortement est comme un mur entre nous
La deuxième fois, j’avais 25 ou 26 ans et je suis tombé très très amoureux d’une jeune fille, une femme qui devait avoir 24 ans. Pendant très longtemps cette histoire a été mon amour qui m’a poursuivi. […] Nous sommes allés dans une clinique. Elle a été opérée sous anesthésie générale. Je l’ai accompagnée […]
Enfin, avec cette femme que j’aimais, nous nous sommes vus peut-être trois ou quatre fois après l’avortement. C’était toujours tragique. Moi, je pensais que j’avais eu tort de ne pas garder cet enfant. Je sais qu’elle l’a vécu tragiquement parce qu’en sortant de la clinique, elle me disait : « Est-ce que tu crois qu’il vivait ? Est-ce que tu crois… » Elle posait des questions comme s’il s’était agi d’un enfant. Je pense que pour elle quelque chose a dû se casser. Pour moi… moi j’étais en demande, moi j’aurais fait ma vie avec elle. Aujourd’hui je sais qu’elle n’a pas d’enfant. Je sais ce qu’elle est devenue mais je n’ai pas envie d’en parler.
Je l’ai aperçue plus tard, mais on se voit et on ne se parle pas. L’avortement est comme un mur entre nous. C’est réellement mon amour de jeunesse. Je me suis demandé longtemps si je n’avais pas fait un mauvais choix. Je pense qu’elle a eu le sentiment d’une faute au sens chrétien, ne serait-ce que par les questions qu’elle posait en sortant de la clinique. […] »
Jean, « L’avortement : 20 ans après », Lorette Thiboud
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« Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé ? »
« J’étais scié. Je m’arrête net, un peu glacé. En l’espace d’une seconde, j’apprenais qu’elle avait été enceinte de moi, la vie et la mort d’un enfant possible… Moi, qui en ai déjà, je sais qu’un enfant existe bien avant sa naissance et que c’est une richesse infinie. « Pourquoi tu ne l’as pas gardé ? » a été ma première question. (…)
Je n’ai même pas posé la deuxième question qui me venait à l’esprit : « Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé ? » (…). Aborder le sujet, c’était rendre cet embryon plus présent, envisager qu’il fût possible de le garder. Moi, jamais je ne lui aurais demandé d’avorter. Elle a préféré que ça reste sa décision. Je la comprenais et je lui en voulais en même temps. Je me sentais agressé. (…). Moi, en me privant de parole, de décision, de l’information même, elle m’avait nié. (…) En taisant cet avortement, elle m’avait rendu impotent, impuissant.(…) Je suis parti vers cinq heures du matin. J’ai raconté ça au chauffeur de taxi. Il fallait que j’en parle. (…). J’ai trouvé une pizzeria ouverte. Je pensais à cette option de vie qui n’avait pas été prise. »
Florian, Marie-Claire 574, juin 2000
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J’ai avorté et je le regrette
« Je viens de terminer votre article « Quand les hommes avortent ». L’IVG est toujours traité sous l’angle des femmes; pour une fois, on parle de nous, merci donc. Je suis un homme de quarante-trois ans, j’ai été père tardivement et je suis littéralement fou de mes deux petites filles; j’élève aussi les enfants que mon épouse a eus d’un premier mariage.
Lorsque j’avais vingt-cinq ans, ma petite amie était enceinte, je ne me sentais pas mûr pour élever un enfant et, à ma demande, elle a avorté, la mort dans l’âme. J’ai été présent, mais au fond assez détaché, « lâche et mal à l’aise », comme dit votre article. J’avais de bonnes raisons, pensais-je à l’époque (peur d’une liberté entravée, de ne pas réussir à joindre les deux bouts, de me séparer de la mère).
Plus je vieillis, évidemment, et moins je les trouve valables, ces raisons, mais bon… Il y a quatre ans, j’ai assisté à la première échographie de ma femme, les larmes me sont montées aux yeux, ce n’était pas l’émotion en pensant à ce bébé qui allait arriver, c’étaient les regrets pour l’autre. Je tenais à vous confier l’avis à retardement d’un ex-jeune con qui a avorté . »
J.V, Marie-Claire 575
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Suite à une IVG, mon amie va mal
Bonjour, je m’appelle Jérémie, j’ai 24 ans, mon amie, Valérie, en a 26.
En janvier dernier, elle a subi une IVG et depuis elle se refuse au bonheur. Récemment son comportement a changé, et elle se renferme de plus en plus sur elle-même, se sentant chaque jour plus coupable.
Je ne supporte plus de la voir souffrir, je me sens totalement impuissant.