Aujourd’hui en France – 7 décembre 2011
Une échographie est un acte médical, pas un gadget. C’est le cri d’alarme que vient de lancer le Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF). Un cri lancé alors que débutent demain à Paris leurs journées nationales. Les gynécos sont inquiets face à l’explosion des échographies à seule visée ludique (lire l’encadré). Ces échographies sont proposées par des sociétés privées en dehors de tout contrôle scientifique.
L’échographie, un acte pas anodin
Technique d’imagerie employant des ultrasons, l’échographie est utilisée de manière courante en médecine notamment pour contrôler le bon développement du fœtus lors d’une grossesse. « Lorsque tout se déroule normalement, on n’en fait que trois en neuf mois », souligne le professeur Jacques Lanzac, responsable de ce dossier au CNGOF. Pour lui, seuls des motifs médicaux peuvent justifier des examens supplémentaires. « Les ultrasons ne sont pas sans danger. Des études sur la souris ont montré qu’à trop fortes doses, ils pouvaient avoir une incidence sur le développement du cerveau et de l’œil. » Ce qui mine le plus les médecins, c’est l’absence totale de réglementation et de contrôle régissant ce nouveau business. « N’importe qui peut acheter un appareil d’échographie et ouvrir sa boutique, s’insurge le président du CNGOF. Or si les médecins et les sages-femmes (…) ont deux ans de formation et passent un diplôme avant de s’en servir, ce n’est pas pour rien! »
L’échographie, un savoir-faire médical
Dans le cadre d’une échographie médicale, le faisceau ultrasonore est constamment déplacé. L’exposition aux ultrasons de chaque zone du fœtus est brève. Or, « pour réaliser une vidéo, comme le proposent les échographies commerciales, cette exposition est beaucoup plus longue », affirme le professeur Lanzac. En 2004, l’Académie de médecine avait déjà donné un avis défavorable concernant cette pratique. De même, en 2005, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a émis un avis. Dans celui-ci elle recommande aux femmes enceintes de « ne pas exposer inutilement leur fœtus aux ultrasons ». Elle préconise de réserver les échographies fœtales à un usage médical. Aussi, les gynécos réclament à présent des mesures concrètes pour réglementer l’usage de ces appareils.
Alexandra Echkenazi