En 2023, près de 190 000 femmes ont été atteintes d’un cancer. La découverte d’un cancer pendant la grossesse touche 0,05 à 0,1% des grossesses, soit 330 à 700 femmes par an. C’est donc un phénomène rare même s’il a tendance à augmenter avec le recul de l’âge de la maternité. Le cancer le plus fréquent chez la femme enceinte est le cancer du sein, suivi du cancer du col de l’utérus, de cancers hématologiques et de certains cancers cutanés.
Le réseau cancer associé à la grossesse (CALG) créé en 2008, a pour but d’optimiser la prise en charge des patientes atteintes d’un cancer découvert pendant la grossesse. D’après les experts, « le cancer peut être traité avec succès la plupart du temps pendant la grossesse. » Des centres référents composés d’équipes pluridisciplinaires sont là pour vous accompagner dans la plupart des grandes villes.
Quels traitements pour une femme enceinte atteinte d’un cancer ?
Le diagnostic du cancer peut survenir alors que la femme est enceinte de manière connue ou inconnue initialement. Parfois c’est à l’occasion d’un contrôle de l’état de la patiente visant à savoir si elle est enceinte, que le diagnostic de cancer est posé et le traitement mis en route. Dans les deux cas, des choix thérapeutiques seront nécessaires pour traiter le cancer sans dommage pour le fœtus. Les traitements par hormonothérapie et la plupart des traitements ciblés sont contre indiqués pendant toute la durée de la grossesse.
Dans la plupart des situations, la femme peut prendre le temps de la réflexion et commencer par des gestes thérapeutiques sans danger pour la vie du fœtus. Des actes chirurgicaux sont possibles dans la majorité des cas et peuvent à eux-seuls permettre un début de traitement efficace du cancer : par exemple pour la plupart des cancers du sein, de la peau, du tube digestif et de la thyroïde. La chirurgie est le traitement qui présente le moins de risque pour la mère et l’enfant.
Des traitements plus lourds pourront être discutés au cas par cas, passés les 3 premiers mois de grossesse : par exemple, la plupart des chimiothérapies peuvent être administrées dans le 2ème et le 3ème trimestre de la grossesse, si le cancer nécessite un tel traitement, et ce sans risque majeur pour le fœtus. Si la grossesse est bien avancée, il est parfois possible d’attendre l’accouchement avant de commencer ce type de traitement.
Cependant face à certains cancers comme une leucémie aigüe, un cancer inflammatoire du sein ou d’autres cancers à évolution rapide, une prise de décision urgente est nécessaire quel que soit le stade de la grossesse en raison du risque vital pour la mère.
Témoignage d’une femme atteinte d’un cancer pendant sa grossesse
Ce témoignage d’une femme ayant traversé l’épreuve d’un cancer pendant la grossesse donne un exemple concret de traitements concluants chez la femme enceinte alors même que ces traitements ont été différés de quelques mois pour préserver l’embryon.
La grossesse a-t-elle un impact sur le pronostic du cancer ?
La grossesse en elle-même n’a pas d’impact sur le pronostic du cancer. Une femme enceinte atteinte d’un cancer présente le même pronostic de guérison qu’une femme qui ne serait pas enceinte, au même âge, atteinte d’un même cancer, au même stade, à condition d’avoir pu bénéficier d’un traitement optimal.
Par ailleurs, il n’y a aucun risque de dissémination du cancer au fœtus, même si certains d’entre eux peuvent toucher le placenta.
Les femmes guéries d’un cancer présentent-elles plus de risque de rechute à l’occasion d’une grossesse ?
Il est bien établi qu’une grossesse après-cancer ne favorise aucunement la rechute d’un cancer. En revanche les cancers présentent souvent, malgré les traitements, des risques de rechute qui dépendent de la tumeur et du stade d’évolution de la maladie.
Un cancer traité a-t-il des conséquences sur la fertilité de la femme ?
La déclaration d’un cancer chez une femme jeune est rare et son taux de guérison élevé. Le traitement d’un cancer chez une femme jeune peut générer des inquiétudes en lien avec le désir de grossesse et la fertilité.
Les traitements anti-cancéreux ont fait des progrès et ont accru les chances de guérison cependant ils présentent des effets secondaires qui affectent la fertilité pour certains d’entre eux. Tout dépend du traitement utilisé et de l’âge de la femme concernée. Les thérapies ciblées et les traitements antihormonaux n’ont pas de conséquences sur la fertilité. En revanche, les traitements dans la zone pelvienne et les chimiothérapies présentent plus de risques sur la fertilité. En cas de chirurgie pelvienne, cela dépend des organes concernés par l’acte chirurgical. Si une radiothérapie pelvienne est pratiquée, elle affecte directement les ovaires, sensibles à de toutes petites doses radioactives et engendre avec une grande probabilité une stérilité définitive. La chimiothérapie présente également une toxicité ovarienne qui implique une stérilité partielle ou définitive en fonction de l’âge de la femme. Plus elle est proche de la ménopause, plus le risque d’accélérer la diminution de la réserve ovarienne augmente.
Pour conclure, si vous découvrez un cancer au cours d’une grossesse, il est important de vous rapprocher d’un centre de référence du réseau cancer associé à la grossesse, composé de spécialistes afin de bénéficier de la meilleure prise en charge possible. Dans un grand nombre de cas, cancer et grossesse sont compatibles. Il est important d’en parler et de bien se faire accompagner sur ce sujet qui peut susciter des inquiétudes.
Pour en savoir plus : https://www.ligue-cancer.net/sites/default/files/brochures/cancer-grossesse-2021-10-.pdf