Pour la première fois en 2010, l’âge moyen des femmes au premier enfant a passé la barre des 30 ans. Les françaises attendent de plus en plus pour se lancer dans la maternité, même si, on le sait, elles se rattrapent ensuite avec une moyenne de 2 enfants. Autre tendance qui persiste : les grossesses après 40 ans, qui étaient devenues minoritaires dans les années 80 et 90, reviennent en force. Que faut-il en penser ? Y a-t-il, physiquement et psychologiquement, un bon âge pour devenir mère ?
L’âge idéal, pour les mères et pour la médecine ?
D’après le sondage de l’Institut des Mamans, pour 65% des mères, l’âge idéal au premier enfant se situe entre 25 et 29 ans. Ce qui surprend d’emblée le Pr Tournaire, obstétricien. « Cette tranche d’âge, c’est en fait celle de la grossesse rêvée. Aujourd’hui, dans les faits, ce n’est pas ce qui se passe. Ce que pensent ces jeunes mères se rapprochent de ce que vivaient leurs propres mères. Finalement, leur souhait concorde avec les réalités de la médecine. A 25 ans, on est au sommet de sa fertilité et il y a moins de complications pour la mère et pour l’enfant. »
Les très jeunes femmes sont une minorité à devenir mères, tandis que les quadras sont de plus en plus nombreuses à tenter l’aventure. Le Pr Tournaire se veut franc mais rassurant. Oui, le risque de fausse couche est élevé, avec un taux de 40%. Oui, le risque de trisomie passe de 1 pour 900 à 30 ans, à 1 pour 100 à 40 ans. Mais une fois passé le premier trimestre, une fois écartée l’angoisse de la malformation, ces grossesses tardives se déroulent à peu près normalement. C’est ensuite l’accouchement qui peut être plus problématique, pour la maman plus que pour le bébé. Les césariennes sont plus nombreuses, ainsi que les hémorragies de la délivrance ou les embolies pulmonaires.
Etre prête dans sa vie et dans sa tête
Autre surprise du sondage, moins de 1% des mères interrogées ont considéré que les femmes de 40 ans étaient plus mûres psychologiquement pour accueillir un enfant. Astrid Veillon, comédienne, devenue maman à 38 ans livre son expérience : « Je partais du principe qu’avant de faire un enfant, je devais régler mes problèmes. J’ai fait 15 ans de thérapie, je me suis sentie prête. En fait, ça n’avait rien réglé, tout est quand même remonté pendant ma grossesse. »
Parmi les conditions nécessaires pour faire un premier enfant, le désir partagé et la stabilité du couple sont mis en avant par les mamans. Catherine Bergeret-Amselek , psychanalyste, rappelle que » Le bébé désiré n’est pas le bébé décidé. aujourd’hui, on « met en route » un bébé, on le prévoit. La vie, ça ne marche pas comme ça. » Astrid Veillon renchérit : « On ne peut jamais être sûr de la stabilité de son couple. » […]
L’âge idéal du point de vue de l’enfant
Le débat porte ensuite sur le meilleur âge pour élever un enfant. « Avant 30 ans, je n’aurais pas pu donner à mon fils ce que je lui donne aujourd’hui, assure Astrid Veillon. Je n’avais pas la patience que j’ai aujourd’hui, j’avais trop besoin de sortir, de penser à moi. » Pour la psychanalyste Catherine Bergeret-Amselek, « Tant qu’il ne s’agit pas d’un « enfant symptôme », il n’y a pas d’âge pour bien élever un enfant. Tout dépend en fait de la place qu’occupe cet enfant dans la tête de ses parents. » […]
Encore plus loin demain ?
Avec les progrès de la science, […] la limite biologique de la maternité peut désormais être repoussée. Dans notre sondage, 36% des mères estiment qu’il n’est pas nécessaire de poser des limites. Ce n’est pas l’avis de Catherine Bergeret-Amselek. « Il faut savoir renoncer. Faire un bébé à tout prix, c’est se placer dans la toute puissance. Il me semble qu’au-delà de 45 ans, c’est de la démesure. » […]
Parents n°509 Juillet 2011