Accoucher sous X, c'était me protéger et protéger Clara
« Clara.
Eh bien, voilà… A peine avons-nous fait connaissance que nos chemins se séparent. Je t’ai donné la vie. Tes parents vont te donner une vie (…). Te quitter m’arrache le cœur, mais il le faut. Pour toi, pour ton avenir que je n’aurais pas pu assurer. Sache que je t’aime.
Ta maman. »
Laetitia se souvient comme si c’était hier de cette lettre de quatre pages laissée à l’attention de Clara. Clara, une petite fille brune et dodue, née sous x un jour de printemps, il y a six ans.
« J’étais étudiante, j’avais 22 ans, raconte Laetitia. C’est au quatrième mois de la grossesse que j’ai réalisé que j’étais enceinte. Mon ami a d’emblée rejeté cet enfant. Il est même devenu violent. Restée seule, j’ai laissé le temps filer. Dans mon entourage, deux mois avant que j’accouche, personne n’avait remarqué mon état. Cet enfant, je ne pouvais pas l’assumer. Alors, désespérée, je me suis résignée à le faire adopter. J’ai accouché dans le secret sous x dans le souci de protéger mon enfant, de lui donner une chance pour toujours. » (…)
Laetitia est partie accoucher en province
Soutenue par la Famille Adoptive Française, Laetitia est partie accoucher en province, loin des pressions familiales. « En quinze jours, j’ai vu mon ventre jusqu’alors plat s’arrondir à vue d’œil. Enfin, je pouvais vivre ma grossesse, prenant conscience que pour l’amour d’un enfant, une rupture est possible. Accoucher sous x, c’était me protéger et protéger Clara. »
Telle est l’histoire de Laetitia, représentative du profil des quelques six cent femmes qui ont recours chaque année à l’accouchement sous x. (…)
Six ans après, Laetitia, elle, ne regrette rien. « Je n’ai pas abandonné Clara. Je l’ai confiée » dit-elle. Petit à petit, la jeune femme se « reconstruit ». Mais pas un jour ne passe sans qu’elle pense à cette fillette de six ans. « Ce secret, je le porte seule. Le jour de l’anniversaire de Clara, je prépare un gâteau. A Noël aussi. Je me dis qu’elle doit adorer les Pokémons… Je sais Clara heureuse, alors je vis tout ça plutôt sereinement. »
Laetitia s’évade un instant. Sourit, puis confie à mi-voix : « Un jour, j’aimerais la retrouver. Mais c’est elle qui décidera. »
Laetitia, témoignage paru dans Marie Claire