C’est toujours un choc pour les couples de découvrir des difficultés pour avoir des enfants. L’annonce du diagnostic d’infertilité est rendue plus difficile par l’illusion de maîtrise de la fécondité qu’offre aujourd’hui la contraception. Au point que les couples sont étonnés de ne pas pouvoir maîtriser la procréation quand il s’agit de la faire advenir. (Laurent Ravez : « Les amours auscultés – une nouvelle éthique pour l’assistance médicale à la procréation »)
Confrontés à cette infertilité, à la grossesse et à l’enfant désiré qui se fait attendre… la plupart des couples ressentent un sentiment d’infériorité et/ou un sentiment d’injustice.
Homme et femme peuvent le vivre différemment
La manière de le vivre peut être différente pour l’homme et pour la femme.
L’homme va souvent être atteint dans sa virilité quand il est la cause de l’infertilité. Il peut ressentir un sentiment de honte, d’autant que dans l’imaginaire collectif, on amalgame souvent infertilité et impuissance. Ce qui n’a rien à voir.
La femme est, elle, touchée dans sa féminité. Désir de grossesse, dans son corps : elle rêve d’être enceinte, de sentir bouger le bébé. Parfois, (souvent ?) elle se sent redevable de donner un enfant à son conjoint comme si elle n’accomplissait pas son rôle de femme. Elle se sent comme amputée d’une dimension vitale de sa féminité.
Pour les femmes particulièrement, cela peut devenir progressivement obsessionnel comme le montre ce témoignage.
« Voilà deux ans que nous sommes mariés et dans la logique des choses nous voulions avoir un enfant après le mariage. Au début on se console en se disant c’est pas bien grave, ce sera le mois suivant et on attend. Tous les mois, c’est la même déception au point qu’au bout de 8 mois, c’est devenu une obsession, je faisais l’amour avec mon mari juste dans l’espoir que ça fonctionne et dans les autres moments je le rejetais ».
Sentiments de culpabilité et doutes
La douleur peut être accrue par des fausses couches à répétition qui viennent aggraver ces souffrances.
Il peut s’installer aussi un fort sentiment de culpabilité de la part du conjoint infertile (c’est de ma faute). Ces couples se sentent différents, loin du schéma familial auquel ils aspirent…. et ce sentiment est aggravé par les schémas sociaux qui placent naturellement les enfants au centre des conversations : « Et nous, que pouvons-nous dire de nous ? Sommes-nous intéressants, aimables ? », aggravé aussi par des réflexions malvenues : «Vous n’avez toujours pas d’enfant ?» ; « Quand vous y mettez-vous ? »
Et puis peu à peu le sujet devient tabou. Les couples alors, peuvent se sentir terriblement isolés.
Comment se faire aider ?
Sosbébé propose un espace d’écoute pour les couples, pour les femmes mais aussi pour les hommes. Pour que chacun puisse exprimer ses sentiments intimes et profonds, propres à chaque personne et à son histoire personnelle, sortir de la culpabilité, faire le point sur ses attentes profondes et trouver son chemin personnel et de couple dans cette épreuve.
L’adoption n’est pas une issue évidente ou obligatoire… c’est à chaque couple de trouver sa fécondité propre.
La proposition d’AMP (Aide Médicale à la procréation) survient sur ce terrain douloureux et fragilisant, souvent très rapidement.
C’est important de pouvoir se poser en couple les bonnes questions sur les attentes de l’un et de l’autre pour savoir ce que l’on souhaite au fond, prendre du recul avant de s’engager dans des traitements qui peuvent être lourds, notamment pour les femmes, ou mettre en jeu l’intimité du couple ou encore poser de délicates et douloureuses questions éthiques dans certains cas.
La jeune femme dont nous avons publié le témoignage au début de cet article, poursuit après un temps de recul et de réflexion vis à vis de traitements longs et difficiles : « maintenant je me suis fait une raison, on peut presque tout contrôler mais sur certaines choses ma nature reste encore maîtresse du jeu… Je ne laisserai plus mes envies prendre le dessus, même si c’est la chose que je désire le plus au monde, mon couple reste la priorité »
Si vous êtes dans cette situation…
Ce que vous vivez est douloureux mais vous êtes pleinement aimable et respectable sans enfant. Prenez le temps d’en parler, de vous confier ensemble et séparément pour que tout ce que vous ressentez et portez puisse être exprimé.